Vieillir en santé
Une retraitée à l’horaire chargé
La Presse
L’agenda d’Adèle Dénommée est aussi rempli que celui d’une vedette rock ou d’une athlète professionnelle. Il a fallu prendre rendez-vous à l’avance pour l’attraper au téléphone. Entre une randonnée de vélo, des séances de Cardio Plein Air et des cours d’anglais, la dame de 78 ans confie que pour bien vieillir, il faut demeurer active.
Adèle Dénommée n’a pas eu la révélation du sport sur le tard. L’enseignante à la retraite dit avoir toujours fait de l'exercice. Au moment de sa retraite, l’énergie des enfants et l’enseignement lui ont manqué. Elle a multiplié ses activités avec l’intention de s’amuser et de ne pas s’ennuyer. « J’ai toujours été active, souligne-t-elle. J’ai toujours fait du sport. Mais avant, je n’avais pas le temps d’en faire autant. »
Alors qu’elle devait auparavant se concentrer sur un seul sport, aujourd’hui, Adèle Dénommée cumule les occupations. « Le lundi, c’est le Cardio Plein Air. Le mardi, le vélo. Le mercredi, c’est un peu plus libre. Souvent le mercredi après-midi, je vais dans des ateliers d’artisanat. Je fais partie du Cercle des fermières. Le jeudi matin, j’ai mon cours d’anglais. Le vendredi, il faut que je m’occupe de ma maison aussi. C’est mon petit ménage hebdomadaire. » Ce n’est que le week-end venu qu’elle s’autorise à respirer un peu.
Membre d’un club de vélo regroupant des retraités de l’enseignement de Lanaudière, Adèle Dénommée fait une randonnée d’une soixantaine de kilomètres chaque mardi. Les autres jours de la semaine, elle s’est fixé comme objectif de rouler 20 kilomètres quotidiennement. « Si j’ai des emplettes à faire, souvent j’y vais à vélo, souligne-t-elle. On a de belles pistes cyclables à Joliette. »
La grand-maman de cinq « grands petits-enfants », dit faire tout ça pour rester en santé. « Je veux rester active pour être en forme. Je fais attention à mon alimentation. Je surveille ça de près. Je vais régulièrement chez l’ostéopathe. Je fais attention à ma santé et je sais que l’exercice est très bon pour la santé alors j’en fais. »
Elle se fait aussi un devoir de demeurer mentalement alerte. Depuis deux ans, elle suit des cours d’anglais et de piano. « J’aime voyager un peu alors, c’est une motivation pour moi d’apprendre l’anglais. Et on reçoit toutes sortes de choses en anglais. Je veux être capable de lire l’anglais pour comprendre et voyager. »
Adèle Dénommée dit commencer à se débrouiller. « Ce n’est pas facile pour moi. Je remarque que rendue à mon âge, un âge respectable, c’est la concentration qui est plus difficile. On oublie vite ! Il faut toujours réviser, pratiquer. Il faut en faire plus que si j’étais plus jeune pour assimiler. »
Il aura fallu un médecin pour lui faire réaliser qu’elle brûlait la chandelle par les deux bouts. « J’ai dû arrêter un peu parce qu’apparemment j’en faisais trop pour mon âge. On m’a dit : " Prends ton temps, tu abîmes ton cœur plus que tu l’aides ". J’ai appris à me modérer. » Elle a arrêté la danse à claquettes et le patin à roues alignées. Dans son club de vélo, elle est passée du groupe « rapido » (30 km/h) à « intermédiaire » (20 km/h). Et lors des séances de cardio plein Air, elle se tient plutôt à l’arrière. « Je sens que mon corps suit moins qu’avant. J’ai de l’énergie quand même, mais je respecte mes limites », dit celle qui sort du lit chaque matin à 6h, ce qui lui permet de vaquer à ses nombreuses activités.
« Je n’ai pas le temps de penser à vieillir, confie-t-elle. Il ne faut pas trop penser à ça. Parce que si je m’arrête et que je pense à ça… Des fois quand je me dis : " J’ai 78 ans. J’arrive à 80 dans peu de temps ". Je ne pense pas que j’ai cet âge-là. Mais, je l’ai quand même. Je sens que j’ai moins d’endurance. De motivation aussi. »
Pour vieillir sans se sentir vieille, il faut selon elle avoir soin de son corps et se garder en forme. « Être bien et de bonne humeur, c’est ça aussi bien vieillir. C’est d’avoir des objectifs et des buts. Quand tu n’as plus de buts, plus d’objectifs, tu ne vas pas loin. Tu ne fais plus rien et tu restes assis chez vous. »
Malgré les apparences, M Dénommée n’est pas parfaite. « Oui, j’ai de mauvaises habitudes. J’aime beaucoup le sucré même si j’essaie de bien m’alimenter. Et ça m’arrive de me coucher tard. Des fois je veux regarder un bon film et il est pas mal tard ! »
Les données du Recensement 2011 établissent à 5 millions le nombre de Canadiens de 65 ans et plus. Selon des calculs du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences du Canada, ce chiffre devrait doubler au cours des 25 prochaines années pour atteindre 10,4 millions de personnes âgées en 2036. En 2051, environ un Canadien sur quatre devrait avoir 65 ans ou plus.